Libellés

dimanche 4 décembre 2011

Séjour à Baudreville

Vendredi 30 Septembre 2011 : C'est le jour J, nous voilà partis pour 4 jours en Normandie, 5 patients et 3 accompagnateurs nous sommes au complet. Nous avons 3h30 de route, c'est long, il va falloir trouver des occupations. Pas de soucis Lisa et Shirley improvisent un quizz musical avec des musiques de dessins animés des années 80, il y a de l'ambiance dans le minibus.Après 2h de route, la glace du rétro droit tombe, un bout de scotch, et c'est reparti. Il fait nuit quand nous arrivons, chacun prend ses marques et s'installe dans sa chambre. Quelques minutes plus tard, les ventres crient famine, tout le monde se répartis les taches et va se coucher tôt. Samedi 1er octobre 2011 : Réveil à 9h30, il faut faire les courses et surtout trouver une pharmacie car un des clubbistes à oublié ses médicaments. Il angoisse, on le rassure. Après des négociations avec la pharmacienne, tout s'arrange et on va au magasin.


Sur le retour, Lisa nous appelle. Une patiente a disparu depuis une heure. Nous rentrons rapidement pour la chercher. Arrivés au gîte, Shirley reste avec les patients pour préparer le repas, et Lisa et moi partons à la recherche de cette patiente dans la campagne. Nous arrêtons le peu de voitures qui passent, personne ne l'a vu. Dans le bourg, nous rencontrons un couple de personnes âgées, nous la décrivons (jeune femme noire âgée d'une trentaine d'années), et  la dame nous répond : "Ah, faites attention, c'est jour de chasse ici! Mais si vous voulez, je veux bien aller prévenir les chasseurs pour qu'ils ouvrent un œil." Lisa et moi allons aussi voir à la Poste, l'église, et alertons le propriétaire du gîte qui est également maire du village. C'est bon, tout le village est au courant, et vingt minutes plus tard, la patiente est retrouvée : elle était partie se promener dans les champs.

Maintenant, on peut manger, et à 14h30, nous sommes à l'aquarium de Cherbourg. Il fait super beau. Pour tout vous dire, nous sommes en shorts et en débardeurs. La visite commence par la découverte d'un sous-marin. Un peu délicat pour les patients : il fait sombre, l'endroit est étroit et clos. Nous marchons en file indienne dans le sous-marin avec chacun une télécommande vocale pour les explications de la visite. Ensuite, visite de l'aquarium, l'ambiance est plus détendue. Nous sommes tous émerveillés par les poissons, comme des enfants. Pour finir, passage à la boutique souvenir. Là, il faut évidemment penser aux personnes du foyer restées à Paris. Une petite carte marrante fera l'affaire.

Après cette journée bien chargée, tout le monde fatigue, et il faut prendre la route du retour. Après une heure de route où tout le monde a dormi bouche ouverte, nous arrivons au gîte. Deux équipes se forment : l'équipe cuisine, et l'équipe pétanque. Ce soir, c'est raclette. Malheureusement, il n'y a pas de télévision dans ce gîte, on se lance donc dans une partie de tarot endiablée.

Dimanche 2 octobre 2011 : Au programme aujourd'hui : plage, restaurant, et balade en ville. La journée s'annonce très agréable, et il fait toujours aussi beau. Arrivés en ville, nous trouvons un marché sur la place principale et nous y aventurons. On nous offre une petite dégustation de produits régionaux. Nous devons maintenant trouver un restaurant qui sert des moules et des frites car tous les clubbistes n'ont jamais l'occasion de manger ce plat à Paris. Après un super repas, nous allons nous reposer à la plage. Les plus courageux se baignent, les autres discutent sur le sable. Le soir, au menu, c'est barbecue sur la terrasse, et chamallows grillés en déssert. La vie est belle pour tout le monde. Demain, c'est le départ. Nous n'avons pourtant pas envie de rentrer.

Lundi 3 octobre 2011 : Vers 14h, nous devons êtres partis. Il faut ranger, nettoyer. Chacun met la main à la pâte. Nous repartons en directions de Paris et retrouvons les embouteillages sur le périphérique (une demi-heure pour passer deux portes). Nous arrivons au foyer à 20h. Le séjour est terminé, les habitudes reprennent.

lundi 18 juillet 2011

Le tournoi de pétanque (4)

Suite au grand concours de pétanque auquel nous avons participé, nous avons organisé dans un bar associatif "Le Petit Ney" une soirée en l'honneur de tous les participants.

Au programme, exposition photo, discussion, projection du film tourné le jour du tournoi, ainsi que deux autres reportages sur la vie des habitants du 18e et enfin un bon repas préparé par les soins du "Petit Ney".
Pour préparer cette expo-photo du tournoi, il nous a fallu récupérer auprès des différents participants celles qui avaient été prises. Et c'est avec les patients que nous avons sélectionnés les photos qu'ils préféraient et qui pour eux étaient les plus représentatives des bons moments de la journée. Puis avec un peu de colle et des grands panneaux nous avons en quelques tours de mains, crée notre propre exposition.

Le jeudi 7 juillet tout est fin prêt, l'exposition photo est installée, place à la soirée.
De nombreuses personnes ont répondu à l'invitation, les patients comme les soignants sont au rendez-vous. Ce n'est pas peu fiers que nous scrutons les photos afin de nous apercevoir et les bons souvenirs du tournoi de pétanque remontent à la surface.
Rapidement l'heure de la projection arrive, tous installés devant le grand écran nous regardons ensemble le film d'une quinzaine de minutes réalisé par un C.A.T.T.P (centre d'accueil thérapeutique à temps partiel) de l'hôpital Maison Blanche. C'est avec bonheur que nous constatons l"enthousiasme des patients qui se découvrent à l'écran. Dans la salle nous entendons de ci, de là des "c'est moi !" ; "tu as vu, c'est moi !". Comme la fierté des patients est palpable, une soirée ou l'on parle d'eux et ou durant quelques heures ce sont eux qui sont à l'honneur !
Les projections suivantes nous font plonger dans le passé du 18e arrt, d'abord les souvenirs de jeunesse des boulistes, et enfin l'évolution du quartier à travers d'anciennes photographies.

Vient l'heure du repas qui nous a été préparé. Et c'est autour des délicieux cakes et des salades que nous partageons d'agréables instands ou nous nous souvenons du jour du tournoi de pétanque, des différentes équipes, des joueurs d'harmonica, des lots remportés, des coupes des vainqueurs et bien sur des perdants.
Nous nous quittons avec un brin de nostalgie et ce qui revient dans les bouches de tout le monde est "à l'année prochaine pour un autre tournoi".

Et puis, ce n'est pas totalement terminé pour cette année, puisque l'exposition est ambulante et va parcourir les différentes structures participantes pour ceux qui n'ont pas pu venir à la soirée. L'exposition vient à eux.

Au fait je vous avais promis quelques photos :

vendredi 15 juillet 2011

Les voix

Antoine vient me voir : il se plaint que son voisin crie beaucoup, ils entend des insultes et cela le gêne beaucoup surtout quand il veut se reposer.Cela dure depuis plusieurs jours. Alors avec toute la délicatesse que la situation m'impose, je lui explique que son voisin a des voix dans la tête et qu'il leur répond. Antoine me regarde avec un air entendu et me dit "alors là, j'ai rien dit" ;  il a compris les problèmes de son voisin et comme il a les mêmes, il se montre tolérant .
Je n'ai pas pu m'empêcher de sourire et d'admirer la solidarité inter-délirante de ces deux résidents.

Apres l'hopital (article bulletin de l'UNAFAM 76)

Cet article est un extrait d'une intervention du Dr Ouhayoun, responsable du foyer de la Chapelle qui est intéressante car elle explique du point de vue médical ce que représente le foyer et le club en ayant un regard moins dans le quotidien que nous.

Au foyer, la vie est communautaire, les patients peuvent aller et venir en nous prévenant s'ils s'absentent. Il faut etre suivi par un psychiatre et bien sur prendre son traitement . La durée de la prise en charge est de six mois reconductible une fois. L'avantage de la vie en foyer, c'est que cela permet à l'équipe soignante (praticien, psychologue, éducateurs spécialisés, infirmiers, assistante sociale) de prendre le temps  d'évaluer l'ampleur des difficultés du patient et de l'accompagner dans un projet ajusté a ses difficultés. Le travail institutionnel y est fondamental, il consiste à mettre en commun les observations effectuées par chacun des soignants sur le patient et sa maladie. Le patient va déposer chez les uns, chez les autres, des aspects fragmentés de sa personne qu'il va falloir mettre en commun pour lui restituer son unité. L'essentiel du travail revient aux infirmiers et aux éducateurs qui doivent absolument avoir été formé à la psychose.

Qu'est-ce que la stabilisation : Stabilisé, cela veut dire inscrit dans le soin. Les patients ont appris à "composer" avec leur trouble : ils acceptent de prendre leur traitement (même si certains conservent une difficulté à reconnaitre leurs troubles), ils acceptent le suivi, ils savent à qui faire appel en cas de difficulté. C'est un grand succès et c'est un succès qui demande du temps. Ils vont se soigner, pas forcément parce qu'ils ont pris conscience du trouble, mais par habitude  et parce qu'ils ont crée des liens avec les personnes qui les suivent. Donc même si les symptômes n'ont pas tous disparu, les patients peuvent continuer à délirer mais ils finissent par apprendre à vivre avec leur délire, à réagir lors de la survenue de la crise, et, in fine, des projets  se réalise, ils se réengagent dans la vie sociale et on avance pas à pas.
Stabilisé pour moi cela veut dire capable de maintenir des liens avec les autres, d'entretenir des relations, quelques unes en tout cas, avoir une vie sociale et être inscrit dans le soin.

Séjour dans la Somme

Ce séjour a été organisé au mois de juin, 9 participants (6 clubbistes et 3 accompagnants) et je vous livre le récit qu'en a fait une stagiaire éducatrice spécialisée qui a fait partie de ce séjour.

Vendredi 17 : départ du foyer à 14h30. Nous nous arrêtons à Amiens où nous prenons un verre en terrasse. Après une petite balade dans le centre ville, direction la Cathédrale que nous visitons puis nous arrivons au gite.
Répartition des chambres et puis le diner, la bonne humeur est au menu, le programme du séjour aussi. Certains ont du mal à rester assis car il vont caresser et nourrir le cheval qui est dans un pré derrière la maison. Juan nous raconte aussi ses histoires d'enfants, en nous expliquant comment sa mère avait quitté son père alcoolique et violent.

Samedi 18 : Chacun se lève à son rythme et nous prenons la route en direction de Fort-Mahon dans le but de voir la mer. Hafida trempe les pieds dans l'eau et tout le monde est surpris de l'intensité des rafales de vent qui balayent la plage. Après la balade, nous allons déjeuner au restaurant : moules frites au menu. Une fois de plus, je suis frappée par le plaisir partagé d'etre ensemble autour du repas. Marie, une patiente schizophrène délirante et souvent  persécutée, est de bonne humeur, elle rit et plaisante avec tout le monde ; Juan toujours aussi  heureux, parle à tue-tête. Nous remarquons le courage de Mickaël qui, malgré ses difficultés pour marcher, suit le groupe sans se plaindre pendant balade le long de la baie.  Nous reprenons la route pour Naours pour visiter une cité souterraine, moment surprenant pour tous, mais très agréable et intéressant.
A notre retour, tout le monde est epuisé mais heureux, Juan est toujours aussi en forme, chante tout au long du trajet, Hafida qui est assise près de lui en prend plein les oreilles. Patiente, elle fini même par en rire et elle se moque gentiment des fausses notes du ténor. La soirée se termine autour de la télé.

Dimanche 19 : Après le petit déjeuner tout le monde s'affaire pour le grand ménage. Apres avoir remis les clés au propriétaire, les clubbistes échangent  un moment avec lui au sujet du cheval que Juan a rebaptisé Choupi. Et c'est le retour sur Paris après un pique-nique dans un petit village au bord d'une rivière.

Tout au long de ces 3 jours, j'ai redécouvert chaque patient :
MICKAËL m'a surpris par sa gentillesse et sa générosité. Très discret et peu bavard d'habitude, il a essayé de discuter et a fait preuve d'humour, un angle sous lequel je ne le connaissais pas.
DANY, que je sais tatillon sur l'organisation des horaires et dont l'angoisse lui fait poser à plusieurs reprises les mêmes questions, a su se contenir et nous faire confiance. J'ai eu de nombreux échanges avec elle.
MARIE, qui souvent se sent très persécutée au foyer et rechigne toujours quand on lui demande un coup de main au foyer, a été charmante, très souriante, elle a discuté et rit durant tout le séjour ; c'était un plaisir de partager ces moments avec elle et de la voir aussi bien.
JUAN, très actif dans les temps d'achats et de courses, a été extrèmement jovial et enchanté par toutes les activités proposés. Il a énormément parlé, prenant parfois un peu trop de place.
HAFIDA, charmante comme à son habitude, s'est souvent mise à l'écart, en retrait, mais cela ne l'a pas empêchée d'en profiter.

La bonne humeur entre les patients et l'ambiance chaleureuse de ce séjour ont été un plaisir et l'occasion d'approfondir les liens avec les patients. Partir ces quelques jours, est non seulement le moyen de quitter Paris mais c'est surtout la possibilité de sortir du quotidien instauré au foyer, ce qui m'a permis de mieux connaitre certains patients, de découvrir une autre facette de leur personnalité.

... Voila ce compte-rendu, alors quand vous croisez un groupe de personnes un peu hétéroclite en vacances, regardez-les et constatez qu'il n'y a pas beaucoup de différences entre ce groupe et des amis classiques qui prennent du plaisir à passer du temps ensemble.

mardi 12 juillet 2011

Brèves de Clubistes...

Echanges houleux autour d'une cigarette...
Monsieur B. ne vas pas bien du tout. Totalement persécuté par tout et par tous, il tient des propos délirants sur la condition des femmes. Mais il reste correct pour le moment. Parfois, il va loin en paroles et ses propos peuvent choquer. Mais aujourd'hui, même si l'échange est houleux et que les joutes fusent, il parvient à se contenir...
Pour sa part, et comme souvent d'ailleurs, Albert prend les propos de Monsieur B. au premier degré. Alors il s'énerve un peu et hausse le ton. Il aspire très fort sur sa cigarette et recrache toute la fumée par les narines. Il fait comme un dragon ! On dirait qu'il veut impressionner Monsieur B.
En écrasant sa cigarette, Albert lance à Monsieur B. droit dans les yeux et dans ses bottes : " Toi, t'as rien compris au filles ! C'est pas les femmes qui se mettent à creux-pie ! C'est les hommes qui se jettent à genoux d'vant elles !"
Monsieur B. : " A creux quoi ???!!!"
Albert : " A creux pie j'te dis !"
Monsieur B. fait une drôle de tête... Puis, il éclate de rire !
On rigole tous un bon coup, mais Albert part un peu vexé... Il ne s'est pas rendu compte qu'il a réussi à désamorcer une situation qui commençait à être très tendue car Monsieur B. s'auto-alimentait et s'enfonçait dans son délire. Ca risquait d'exploser...
Plus tard, quand je demande à Albert s'il n'est pas trop contrarié qu'on ait rit de lui quand il a déformé le mot "accroupi", il me dit que "non"... Je lui confie que, finalement, grâce à lui, Monsieur B. n'a pas explosé.
Alors Albert me répond : "Nan, mais je sais, j'ai fait exprés je te ferais dire !"
Sacré Albert !!!!!



En cuisine...

On prépare un plat à base de crevettes pour le repas à thème hebdomadaire du Club.
Aymée est aux fourneaux et on est 2 ou 3 à l'assister.
Au moment de nettoyer les crevettes, Vincent fait un pas en arrière : " Ah non, non, non ! Je peux pas écorcher les crevettes, vous savez bien je suis allergique aux poisson !"
" Décortiquer Vincent, pas écorcher !", Aymée le corrige en se moquant gentiment, car on a l'habitudes des néologismes de Vincent.

Une autre fois que Vincent m'a beaucoup aidé en cuisine, et que je l'ai fortement sollicité car nous n'étions que lui et moi pour préparer un repas assez copieux pour une bonne vingtaine de clubistes affamés, après le déjeuner il se plaint auprès d'une stagiaire-éducatrice : " Oh, vous savez à midi, elle m'a fait bavé dans la cuisine Séverine. Elle était speed ! Je devais faire plein de trucs !!! Holala !!! Qu'est-ce que j'ai bavé en cuisine !"

C'est la fin d'après-midi, demain c'est la fête  du foyer, Vincent, (encore lui !!!!) nous rejoint en cuisine, car il a à coeur de nous aider  pour la préparation des brochettes de poulet mariné.
Il nous prévient d'entrée : " Il faut pas qu'on se rate, hein !"
On est trois en cuisine, on discute de tout et de rien en piquant la viande et les légumes qui ont marinés toute la nuit. On a les doigts tout gras à la fin, mais on a été rapides. En moins de trente minutes on a fait une soixantaine de belles brochettes !
Vincent est satisfait et fier lui.
En se lavant les mains, il ne manque pas de faire remarquer que : " Demain, il y aura tout le monde pour les manger, mais par contre, là, pour les faire y a personne qui met la main sur la patte !!!"
... La main à la pâte Vincent !...

jeudi 7 juillet 2011

Une journée à la mer

Vincent attend impatiemment chaque année la sortie à la mer du mois de Juillet... Depuis une dizaine d'années qu'il fréquente le foyer et le Club, il ne participe presque qu'exclusivement à cette sortie estivale. Je crois bien qu'en 10 ans, il a dû aller à Honfleur au moins 6 ou 7 fois... Honfleur, l'autoroute de Normandie, la même station service ("celle avec le pont au-dessus d'la route !") où l'on s'arrête forcément, car c'est là et nulle part ailleurs que Vincent s'achète chaque année soit le fameux et incontournable parfum "Monte-Carlo" (qu'on ne peut trouver qu'ici bien sûr !!!) soit une magnifique montre (même pas une rolex !!!).
Cette année il a un peu hésité à s'inscrire...  Le bureau du Club avait décidé de changer de destination pour cette journée à la mer.
En effet, on commence à bien connaître la côte normande (Barneville-Carteret, Deauville, Portbail, Honfleur, Etretat, Fécamp, Granville, Colleville-sur-Mer et les plages du Débarquement), et comme on a commencé à découvrir la Baie de Somme à l'occasion de 2/3 séjours du club, et qu'à l'unanimité, tout le monde a beaucoup apprécié cette nouvelle destination balnéaire, on s'était mis d'accord pour partir direction Berck-sur-Mer, d'autant que le trajet n'est pas plus long que lorsqu'on part en Normandie...
Samedi matin, je gare le mini-bus devant le bâtiment...
Il est 8h45, le foyer est encore endormi. Mais Vincent et les autres plagistes sont déjà là !
François s'est fabriqué un super bermuda en jean's durant la nuit, Vincent a mis sa chemise hawaienne de plage, Maya est en tongs strass et paillettes, et Albert est en mode borsalino-lunettes de soleil (limite mafioso Albert !) Les clubistes-plagistes prennent un dernier petit café avant de prendre la route, on n'attend plus que Aymée, à la bourre comme toujours !   ;o)
9h25, en voiture simone, direction l'A1, l'Autoroute du Nord ! Pas d'embûches en début de trajet : on s'arrête faire le plein, on ne se trompe pas de bretelle de périph', on trouve la bonne autoroute, on est dans la bonne direction : Amiens, Beauvais. L'autoroute est à nous, il n'y a presque personne sur la route. Les bouchons non merci, on a bien fait de pas partir en Normandie pour ce 1er week-end de juillet !
A part un petit incident gastrique en cours de route (au niveau de la ville de Gerberoy d'ailleurs... c'est authentique !), tout se passe bien, même si on sent bien que les clubistes ont quand même hâte d'être arrivé.
Ce week-end, Berck est en liesse ! C'est le "Berck Country Rock Festival", avec défilé de voitures américaines et rassemblement de motards en Harley-Davidson !!! On en a croisé plein à l'entrée de la ville en arrivant ! On trouve facilement une place de parking sur le front de mer, il fait beau, plein soleil, mais Aymée trouve que "la brise marine est encore un peu fraîche"....
On se trouve un ptit restaurant (pas complet ! surtout quand on demande une table pour 9 !), avec une terrasse abritée du vent. Photos, on porte un toast à cette petite escapade, la commande prend un ptit moment, mais le serveur est sympa et ne nous en tient pas rigueur, puis c'est un défilé de crevettes, moules-frites et entrecôtes !
Une fois bien repu, direction la plage. On étale des draps dans le sable, certains clubistes s'installent pour entamer une petite sieste digestive, Lisa et Albert commencent à s'entrainer au möllky finlandais (un nouveau jeu que le club a acquis récemment, une sorte de pétanque scandinave mais en bois !), les plus courageux foncent vers le rivage. La marée est en train de descendre, on est bien les pieds dans l'eau. François trouve qu'elle est "vachement bonne pour la saison ! Ca donne envie de s'baigner tout entier", mais François n'est pas suffisamment téméraire pour s'aventurer dans les flots de la côte d'opale.
Aprés 2/3 parties endiablées de möllky pour les uns et une bonne sieste pour les autres, on a même le privilège d'assister de la plage à un défilé de Harley sur le front de mer.
L'après-midi touche à sa fin, on passe prendre un petit rafraîchissement dans un snack avant de prendre la route du retour.
Durant le trajet vers Paris, petite sieste générale au fond du mini-bus. A priori, les clubistes ont passé une bonne journée, on a bien rit et bien mangé.
Monsieur G., nouveau résident du foyer et très discret et en retrait, nous a confié que "ça fait quand même du bien d'oublier un peu ses problèmes !"

Cette journée a donc tenu ses promesses !!!!!

dimanche 3 juillet 2011

La fete du foyer

Le 23 juin, nous avons organisé la 2e fete du foyer, cela ressemble à une kermesse avec des jeux, des lots à gagner et un buffet digne d'un mariage princier.
Le matin c'est le loto et l'après midi c'est les jeux de chamboule-tout, de fléchettes, de pesage d'un panier à gagner, de gobelet qui coule et on va en inventer d'autres pour l'année prochaine.
Certains esprits chagrin peuvent dire que cela fait kermesse d'ecole primaire ou de colonies de vacances, nous on préfère comparer au fetes de village ou tout le monde participe.
Les rapports entre les soignants et le personnel changent pour cette journée, nous ne sommes plus  des soignants parlant de leur symptomes ou angoisses, nous sommes des participants qui essayent de gagner des lots.
De vrais sourires éclairent des visages, on s'amuse beaucoup et j'ose émettre l'hypothèse que quand j'ai perdu au fléchettes ou au pesage de panier, Patrick et les autres ne m'ont pas seulement vu comme une infirmière mais comme une joueuse acharnée déçue de ne pas avoir gagné mais qui a pris beaucoup de plaisir a participer.
 J'ose aussi espérer que pendant ces quelques heures leurs voix se sont mises en sourdine et que leurs angoisses étaient moins présentes

la fresque

On accueille au foyer des stagiaires éducateurs spécialisés, généralement 5 par an pour des stages longs ou courts. Il y en a une qui est douée en dessin, alors l'idée est venue de faire une fresque à base de peintures et de collages pour décorer le foyer.
Nous n'avons jamais été au foyer très friands d'activités manuelles, cela rappellant à certains les ergothérapies de l'hopital ou les patients collaient, peignaient, faisaient de la pate à sel et de la poterie à longueur d'année comme des machines automatiques et bien réglées sans possibilité ni propositions de faire autre chose. On a quand meme voulu essayer.
On a vu arriver environ 10 résidents et clubbistes pour coller, découper, peindre, enthousiastes à l'idée de cette fresque à accrocher au mur. La stagiaire n'a pas eu de mal à tout gérer. En 10 séances tout était fini et on a suspendu une fresque de 2m sur 5m pleine de couleurs, de pensées, de collages, de dessins à l'intérieur de laquelle on découvre un nouveau détail à chaque fois qu'on la regarde.
C'est inestimable la fierté que les créateurs éprouvent à chaque fois qu'une personne complimente ce tableau  en passant devant

samedi 14 mai 2011

notre lilly nationale déboule dans le bureau et s'exclame "comme je parle au pluriel tout le monde pense que je suis communiste"...et dans la foulée elle nous tend une lettre a faire suivre a son tuteur ou elle fait don de un million d euros au parti....lilly ne rêve-t-elle pas d un monde meilleure pour elle et tous les autres ou moyennant un peu d argent(un million d euros c est pas rien!!!) leurs difficultés de vie serait prisent en compte par les politiques?.............
en esperant que le rêve devienne réalité....
bien évidemment le million d euros n a pas été débloqué....

mardi 10 mai 2011

la tele me parle

Antoine qu'on vous a présenté nous éteint souvent la télé. En effet elle lui parle et ça l'angoisse énormément. Alors quand il a entendu parlé de la visio-conférence qui pourrait etre mise en place avec la nouvelle loi par les juges des libertés pour entendre un patient hospitalisé, il a poussé un cri du coeur en me disant : eh bien moi si il faut parler à la télé je suis pas pret de sortir. 

mardi 3 mai 2011

Portrait: Jeff

Jeff est un jeune schizophrène de 25 ans qui est arrivé au foyer après un parcours d'hospitalisations en psychiatrie chez les ados puis chez les adultes. Jeff a une mère délirante également suivie en psychiatrie chez les adultes depuis ses 40 ans. Le père, on ne sait pas.
Quand sa mère avait ses crises, elle mettait son fils dehors, le laissait dormir sur le paillasson et ceci depuis qu'il avait 12 ans. Jeff était receuilli par les voisins le temps que la mère se calme, puis tout allait bien pendant quelques mois. Les rapports était apaisés, c'était le meilleur fils au monde. Elle lui fêtait un joyeux Noël en avril et son anniversaire avec 3 mois d'avance. Jeff supportait tout cela avec résignation.
Bien sûr, à l'adolescence, Jeff a commencé à avoir des troubles: échec scolaire, hallucinations auditives, angoisses majeures qu'il calmait souvent avec de l'alcool ou du shit, ceci entrainant une prise en charge psychiatrique.
Au foyer, il a d'abord trouvé une équipe qui ne le rejetait pas, essayait de faire un projet de vie avec lui pour l'avenir, et qui essayait de le comprendre quand il arrivait alcoolisé tout en le recadrant.
La mère, toujours là, continuait ses crises, ses rejets, Jeff en avait l'habitude. Mais la grosse différence c'est qu'il avait un endroit à lui pour se réfugier. Quand il nous parlait de ce qu'il ressentait vis à vis de sa mère, il nous disait "on n'en a qu'une" avec un ton plein de sous entendus.
Après le foyer il a été logé a l'hôtel, mais au bout de quelques mois et malgré sa présence quotidienne au club, la solitude lui a pesé et les voix et l'angoisse sont réapparues.
Alors, on a fait un autre projet qui tient toujours: il est actuellement dans une maison d'accueil spécialisée dans Paris depuis 2 ans et il va très bien. Il vient régulièrement nous voir pour dire bonjour. Sa mère continue de lui fêter Noël en juillet mais ça à l'air de lui poser moins de problèmes.

Les hôtels

750 euros pour 12 à 15 m², toilette sur le palier, pas de douche, un petit lavabo et 50 euros de plus si on veut faire la cuisine : on râle après ces marchands de sommeil dont les hôtels sont souvent montrés du doigt par la presse. Dans le 18e ils sont nombreux et quelques-uns de nos patients sont logés chez eux.
En effet en sortant du foyer, pas de solution de logement: H.L.M. avec une liste d'attente sans fin, et même si quelques patients ont de l'argent et une tutelle en garantie il n'existe pas d'agence immobilière ou de propriétaire privé qui leur fera confiance. Personne ne veut du fou chez soi ou dans l'immeuble que l'on gère.
Est-ce une question de méconnaissance  ou de peur d'une personne différente ?
Pourtant notre équipe s'engage à faire des visites à domicile et est joignable par téléphone tous les jours si besoin. Rien n'y fait. Alors on continue à mettre nos anciens résidents dans les hôtels qui, malgré leurs défauts, sont les seuls à les acceuillir sans préjugés ni discrimination. On en connait quelques-uns dans une rue près du foyer. Les gérants sont profondément humains et accueillants et quand on doit intervenir suite à une recrudescence des troubles psychiques, ils n'en tiennent pas rigueur au patient, même si l'on a fait intervenir les pompiers et acceptent de continuer à louer la chambre.
Je ne veux pas dire dans cet article que les malades mentaux doivent passer en priorité pour le logement avant tous les autres, mais s'il y avait plus de construction de foyers, de maison relais, de maisons communautaires, de maisons d'accueil spécialisées etc... on ferait d'une pierre deux coups: un logement et un suivi des soins de proximité.

mercredi 13 avril 2011

Une partie de campagne.

Chaque année, le Club organise 4 séjours associatifs de 3 à 5 jours. Pour tous, c'est l'occasion de s'évader du train-train quotidien et de Paris... Nous avons ainsi pu partir à l'assaut de la Normandie à plusieurs reprises, et nous avons aussi découvert l'Aveyron, le Nord-Pas-de-Calais, la Baie de Somme, et plus récemment la Touraine et ses châteaux.
D'ailleurs notre avant-dernier séjour, en Touraine en novembre dernier, s'était vu prolongé d'une nuit supplémentaire en raison de fortes chutes de neigne qui nous avaient empêché de prendre la route du retour le dimanche.

En mars dernier, nous sommes retournés passer 3 jours en Touraine. Nous avons loué le même gîte qu'en novembre 2010 ; la propriétaire, un dame super humaine et très accueillante, nous a même fait un prix sur la location vu qu'elle nous connait déjà.
Vendredi 25 mars, 14h : départ du foyer en mini-bus, 3 accompagnateurs, mais seulement 4 clubbistes au rendez-vous. Nous devions partir à 9 à la base. Riton s'était inscrit pour participer à cette escapade de 3 jours, mais il n'est pas venu finalement. Depuis une semaine il n'allait pas très bien ; enrhumé, il en avait un peu après tout le monde au foyer, et surtout les voix étaient plus fortes que d'habitude. Aymée, quant à elle, n'a pas pu venir en raison d'un conflit qu'elle rencontre avec l'équipe qui la prend en charge dans un autre service du secteur.

Sur la route, on plaisante en écoutant "Chante France", mais surtout nous sommes tous ravis d'avoir pu sortir de Paris rapidement en évitant les bouchons du vendredi. La bonne humeur est a rendez-vous; Albert n'arrête pas de taquiner Michel l'infirmier, d'ailleurs ce dernier le lui rend bien et Albert est ravi. Arnaud écoute sons MP3, l'air ailleurs mais content. Au bout d'une cinquantaine de kilomètres, Jacques et Rachida ont déjà piqué du nez et somnolent au fond du minibus.
Arrêt à Blois, direction le supermarché. On fait les courses pour le week-end, les idées de menus fusent ! On opte pour un barbecue le vendredi soir et une bonne volaille de la ferme, qu'on achètera à la dame qui nous loue le gîte, pour le samedi soir. On se fait plaisir, tout le monde a bien l'intention de se ravir les papilles. En plus ce soir, on fête l'anniversaire de Rachida, alors on se lâche (notre budget, certes petit, nous le permet quand même !) et on achète un beau et gros gâteau au chocolat à la pâtisserie.
Arrivée au gîte à 19h. Tout le monde s'affaire entre installation et déballage des victuailles et autres draps pour faire les 7 lits. Rachida s'occupe de répartir les draps et les couvertures dans les chambres, Arnaud est parti prendre sa douche, Albert, Jacques et Michel s'occupent du barbecue, pendant que la stagiaire éducatrice et l'éducatrice s'occupent de préparer le reste du diner.
Les merguez et les ventrèches ont un peu crâmées, mais c'est pas grave, on a fêté l'anniversaire de Rachida, on a bien rit, les plus courageux ont même danser pour honorer Rachida. En fin de repas tout le monde est content et repu...
Tout le monde va se coucher tranquillement après le dîner, sauf Michel et Albert. Ils traînent un moment dans la salle à manger, font quelques parties de Uno durant lesquelles ils doivent se raconter je ne sais quoi, mais en tout cas ils se marrent bien tous les 2 car je les entends rire du 1er étage.
Le samedi matin est consacré à la découvertes de Loches. Passage par le marché pour un supplément de ravitaillement et déjeuner dans un sympathique petit restaurant du centre ville. Il fait beau, on se paye même le luxe de déjeuner en terrasse. L'après-midi, direction Amboise, visite du Château et de ses jardins, balade dans la ville. On prend un pot dans le centre en fin d'après-midi. C'est drôle, la terrasse du café est tellement étroite qu'on est aligné comme des sardines tous les 7 le long du trottoir. C'est Jacques qui fait cette remarque et ça fait bien rire tout le monde. On prend le temps, on commente tout ce qui se passe dans la rue. Michel met de l'ambiance avec ses petites vannes acides mais souvent à propos, alors ont rit beaucoup, souvent de nous-mêmes d'ailleurs, et ça, ça fait drôlement rire les patients !
On rentre au gîte en toute fin de journée, on dîne tranquillement, tout le monde est crevé. Jacques est un peu déçu car il pensait que le Château d'Amboise était plus grand, mais il est trés content car il a pu déguster une excellente entrecôte au restaurant (il commande TOUJOURS son entrecôte-frites quand il va au restaurant pendant les séjours !!! C'est son rituel !!)

Après un petit brin de ménage le dimanche matin, on prend la route du retour en fin de matinée... Juste avant de démarrer, Rachida, pour qui c'était le tout premier séjour, nous confie "ça fait drôlement du bien les séjours, même si ça passe un peu trop vite, je reviendrai !"

Mission accomplie : les patients ont pu profité de cette bouffée d'air en oubliant les soucis habituels et la routine pas souvent drôle de leur quotidien parisien.

Les séjours, c'est aussi l'occasion de se rencontrer autrement, de se re-rencontrer aussi parfois. En tout cas, pendant 3 jours, même si c'est court, on vit ensemble, on évolue dans un ailleurs, on oublie un peu la psychiatrie !!!

bobo du quotidien !!!!!

Un jour de club, un éducateur a un souci au genou. Vincent  inquiet pour celui-ci,  lui conseil de mettre du « voltarene » pour endiguer la douleur. L’éducateur va dans la pharmacie pour appliquer le précieux gel sur son genou douloureux. Vincent d’ajouter : « laver vous bien les mains après l’application du voltarene car c’est dangereux pour la nourriture. » L’éducateur avait bien raison de ne pas être dans son assiette ce jour là !!!

mardi 12 avril 2011

Lilly partage ses pensées

Lors d un déjeuner au restaurant notre Lilly nationale déclare haut et fort(surement afin que tous les clients du resto l entendent)
"Au moins les pigeons ils sont fidèles,car ils changent jamais de pigeonnes....."et d ajouter quelques minutes plus tard
"les albinos noirs sont en voies d extinction....."
je ne sais pas si les clients du resto ont bien mangé mais en bonus avec leur addition ils auront gagné les belles pensées de Lilly

samedi 9 avril 2011

l'organisation des repas

Tous les jours, à 13 heures, on mange mais en premier on choisit le menu du lendemain et surtout on demande des volontaires pour les courses, la cuisine et la vaisselle. Le club, c'est plus de 25 personnes qui mangent par jour alors c'est comme une famille nombreuse : il y a ceux qui sont toujours volontaires, ceux qui arrivent systématiquement en retard pour échapper aux corvées, ceux qui ne sont jamais là le lendemain et donc ne peuvent se charger de quoi que ce soit etc etc...
Et surtout il y a ceux qui trop angoissé, anxieux et délirant pour qui l'effort demandé est vraiment trop important pour eux. Alors c'est le personnel qui comble les trous du planning, rassure, aide et surtout fait avec. On apprend des tas de choses et on tisse beaucoup de lien en faisant une vinaigrette ou une tartiflette. On évoque des souvenirs, on plaisante et cela se passe toujours bien. Quand on s'aperçoit qu'il y en a un qui ne va pas bien c'est à ce moment là qu'on se dit qu'on va lui parler en entretien et/ou qu'on va prévenir son médecin, sa tutelle ou ses référents du C.M.P. C'est le plus souvent le meilleur moyen d'éviter l'aggravation de la situation.
C'est une partie du travail  quotidien hyper- importante, essentielle et indispensable que font tous les travailleurs du club et de toutes les structures extra-hospitalières.

vendredi 8 avril 2011

Portrait : Mme Marina

Elle est venue au foyer pour un séjour il y a 7 ans environ. Elle ressemble a une petite souris : toute petite, discrète, ne faisant aucun bruit, picorant dans son assiette au repas mais très attachante, surtout quand elle vient nous demander quelque chose. Elle fait un effort surhumain pour nous parler tellement elle a peur de sortir de sa coquille. C'est vraiment lorsque l'angoisse la submerge qu'elle nous confie ses soucis.
Son histoire, racontée par son médecin, est très triste. Elle vivait avec son père dans un hôtel en banlieue et tous les deux, ils récupéraient à gauche et à droite des objets qu'ils vendaient aux puces. Elle le suivait partout, passant pour "l'idiote du village" et ne parlant à personne sauf à papa. Un jour, pendant son sommeil, il décéda.
 Elle resta des heures et des heures à côté de lui, prostrée jusqu'à ce que le patron de l'hôtel s'inquiète de ne pas les voir. La suite, c'est l'hospitalisation en psychiatrie pendant de longs mois puis son arrivée au foyer/club. Le diagnostic médical c'est la psychose, mais Marina reste très éloignée des clichés des séries américaines sur les schizophrènes.

lundi 4 avril 2011

Le tournoi de pétanque (3)

S'il y avait des personnes contentes d'être sur le mail Binet ce 18 mars, c'était bien nous. Huit structures ont joué, environ 80 participants : tous des soignants et des patients. L'association des boulistes nous avait tout organisé pour le bon déroulement du tournoi, et ont même offert des coupes aux trois premières équipes. Ils nous ont aussi prêté leur local pour faire le café et leur toilettes, choses indispensables s'il en est. On a beaucoup de mal à dire combien on les remercie.
L'ambiance a été chaleureuse, que de sourires et une après-midi passée à oublier le quotidien pas toujours très drôle. Une équipe de Télé Bocal a filmé, ils ont fait un petit reportage que vous pouvez voir en cliquant ici. Nous mettrons bientôt sur notre blog quelques photos du tournoi.

A bientôt.

mercredi 23 mars 2011

Portrait : Antoine…

Antoine a une drôle de démarche depuis quelques temps…
Il marche floppi-floppant dans les couloirs du foyer. Rien de physiologique, Antoine somatise. C’est comme si toute l’angoisse qui l’envahit lui coupait les jambes. En tout cas, c’est ce qu’il nous a expliqué.
La trentaine, brun et maigre, l’air lunaire, une paire de lunettes qui n’a plus qu’une seule branche sur le nez, Antoine a toujours une cuillère dans la poche arrière de son pantalon ; il s’en sert pour y scruter le reflet de son visage...
Antoine déteste qu’on l’appelle par son nom de famille. Les premiers temps quand on le saluait par un « Bonjour, Monsieur L. ! », il nous répondait « m’appelez par mon nom de famille s’il vous plaît… j’aime mieux pas… »
« Ok Antoine ! »
Antoine n’ouvre jamais le store de sa chambre, et ne sort du foyer que pour aller voir son  médecin au CMP… Souvent, c’est Vincent, un clubiste historique, qui va lui faire ses courses : dentifrice, shampoing, petits gâteaux…
Un jour, Antoine me demande si le « Spiegel » est vendu en France. C’est un magazine allemand. J’ai trouvé sa question étonnante, et je lui ai demandé s’il parlait allemand. Il m’a dit que « oui, un peu ».
Alors quand il m’a avoué que ça lui ferait plaisir de pouvoir lire le « Spiegel », le lendemain matin je suis passée par la Gare du Nord en venant travailler, et j’ai trouvé le « Spiegel » au kiosque qui vend tout un tas de magazines étrangers.
Quand je l’ai remis à Antoine, il a eu l’air terriblement étonné. Etonné mais content.
Il m’a remercié en me disant : «  Ah, c’est gentil. Parce que les « Géo » ils sont tous à la cave. »
Le foyer est en travaux depuis quelques temps, et on a dû stocker tous les livres et revues dans  la cave. Et ça, ça embête drôlement Antoine, car il aime beaucoup feuilleter les « Géo » qui parlent de l’Alsace, du Massif Central et de la Sarthe…
Alors, régulièrement quand il passe nous voir dans le bureau de l’équipe pour nous demander quand est-ce qu’on va remonter les « Géo » de la cave, on lui passe le dernier Télérama du Club, le dernier magazine people de la veilleuse ou bien le dernier « 18ème du mois »…
Ce n’est pas exactement ce que voudrait Antoine, mais bon, il les prend quand même, toujours en nous remerciant comme si on venait de lui sauver la vie…

Certains diront qu’Antoine est étrange, bizarre…
Le fait est qu’Antoine est submergé par ses angoisses et qu’il en souffre, mais il n’en reste pas moins un jeune homme très surprenant et très attachant.

mardi 15 mars 2011

Les tutelles

Je ne sais pas si vous connaissez les tutelles ou curatelles, ce sont des organismes qui suite a des mesures de justice  protègent les personnes qui ne peuvent ou ne savent gérer leur bien et qui ont besoin d'aide dans les actes de la vie courante pour payer les factures. Sans elles les loyers ne serait pas payés, la fin du mois serait le 7 (les allocations sont payée le 6 par la C.A.F) etc, etc. Elles mettent aussi un petit peu d'argent de coté  pour les coups durs, prennent des mutuelles etc etc.....
Les psychotiques sont dans l'incapacité de se projeter dans l'avenir, alors comment prévoir de garder des sous pour manger tout le mois, le transports, les habits. L'allocation d'adultes handicapé est de 711 euros par mois et nous avons beaucoup de personnes qui résident a l'hotel pour environ 700 euros par mois donc avec A.P.L. il reste 300 euros  pour le reste et les tutelles les repartissent en somme hebdomadaire. Ces patients sont le plus souvent dans l'incapacité de travailler meme en milieu protégé, en effet comment travailler soit avec des voix incessantes ou avec la présence d'une anxiété et une angoisse qui vous ne vous quitte pas de la journée : essayez, vous verrez avec un casque a fond dans les oreilles ou la veille du plus important examen de votre vie ça limite vos capacités de concentration et votre entrain au boulot.

Au club nous voyons souvent les patients qui veulent téléphoner à leur tuteur ou curateur pour avoir du Rab et qui ralent quand ils refusent, alors on calme, on temporise, on ménage la chevre et le choux. C'est exactement comme nous quand notre banquier a refusé notre découvert,la colère est la meme.

Le gros problème c'est que les chargés de tutelle sont souvent débordées et ont souvent beaucoup trop de personnes à s'occuper, donc manque d'écoute par manque de temps et quelquefois des oublis qui peuvent virer au drame quand il s'agit du loyer. Alors la c'est la cata, le gérant de l'hotel  menace de les virer et nous on harcele ces pauvres tuteurs pour un paiement accéléré et on fait patienter les proprio. Je ne veux surtout pas accabler les tutelles car comme je l'ai déja dit elles sont trop peu.

Le résultat c'est souvent une crise d'angoisse massive face à la menace de la rue et beaucoup de temps passé en soutien, écoute, entretien et réassurance.

Le tournoi de pétanque (2)

On est tous aux taquets : soignants et patients car nous avons vu les lots et nous aimerions tous gagner le premier, c'est un vidéo projecteur qui nous servira bien pour les soirées D.V.D si on le gagne.
L'organisation est au top, seul la météo peut tout gaché, meme les courses du gouter sont déja faites.
Toutes les structures se sont entrainées et les participants sont prévus autour de 60 personnes environ.
Venez nous voir et boire un café ou un sodas, vous verrez qu'on n'est pas si bizarres que ça et surtout pas dangereux

vendredi 11 mars 2011

Ma langue a rippé! (entendu dans les couloirs du Club)

Petite discussion autour d'une cigarette...
Albert est content car il va revoir notre ancien cadre de santé qui va bientôt faire son pot de départ en retraite. Lucien, qui n'a pas connu l'ancien cadre, nous demande pourquoi il ne travaille plus au foyer.
Albert lui explique : "Il est tombé malade parce qu'il a fait un mal à l'aise".
On passe à autre chose, puis Albert me demande des nouvelles de notre collègue infirmière enceinte car il voudrait savoir "quand est-ce qu'elle rentre de son congé mérité".

(2 Desproges en concurrence au Club 18!)

jeudi 3 mars 2011

Journée sans femmes

Zahra est un peu angoissée, le 8 mars c'est la journée sans femmes! Que va-t-elle bien pouvoir faire ce jour-là?
Les éducatrices et infirmières ne vont pas venir travailler ce jour là? Comment le monde va-t-il tourner?
Zahra est rassurée et les femmes remisent a l'honneur pour le 8!

mardi 22 février 2011

Ah ces problèmes de cuir chevelu!

Vincent arrive désemparé dans le bureau, la sueur perle sur son front:
"J'ai mal à la tonsure, au secours! Je suis sûr que j'ai un cancer!" Paniqué il ajoute: "On va me faire une chignon thérapie!"
Fallait la trouver celle-là...

Un autre jour, Vincent est ravi du menu du club et déclare à la cantonnade:
"Je suis tellement heureux, je remue la queue" (rapport au chien)

Un nouveau Desproges serait il né?

mercredi 16 février 2011

Un repas au club 18 (3)

Nous avons acheté une yaourtière et une sorbetière pour faire des desserts non seulement meilleurs mais aussi économiques. Avec notre petit budget chaque euro gagné est important, chaque clubbiste verse 30€ par mois et avec cela on doit composer des repas équilibrés et nourrissants chaque midi pour environ 30 personnes (on ne paye pas l'électricité, ni le loyer des locaux mis à disposition par l'hôpital dont nous faisons tous partie). Pour en revenir à nos appareils, les après-midis c'est atelier cuisine où 2 ou 3 d'entre nous fabriquent des yaourts ou des glaces à tous les parfums de plus en plus originaux. Les goûts culinaires des malades mentaux sont souvent surprenants, je suis sûre qu'il y a des écrits là-dessus comme sur le nombre inférieur de pathologies somatiques qu'il y a chez les patients par rapport au reste de la population. Des goûts tellement surprenants que cela peut donner des sorbets au ketchup.

Le tournoi de pétanque (1)

Le 18 mars, sur le mail Binet le conseil local de santé mentale du 18e organise un tournoi de boules qui opposera plusieurs structures accueillant des malades mentaux. Alors on forme les équipes, on s'entraine et on se motive.
La mairie du 18 e par l'intermédiaire de Me Belin a été formidable pour tout ce qui est organisation, elle nous a mis en contact avec l'association de boulistes du mail Binet qui nous aide pour la partie plus technique. Un copain graphiste nous a aussi fait les affiches. Toutes ces personnes sont très compétentes et enthousiastes. Cela nous fait vraiment chaud au cœur. A ce propos si  vous avez un moment vous pouvez venir nous faire coucou de 14h à 18h  le 18 mars. Si vous ne pouvez pas venir je vous ferai le compte rendu.

dimanche 13 février 2011

Un repas au club 18 (2)

Comme tous les jeudis, c'est repas à thème c'est a dire composé d'un bon plat unique, aujourd'hui c'est Chili con carne préparé par Aurélie et le dessert est du pain d'épice fait par Patrice.
Ceux qui s'attendaient au dessert de Prosper on été déçus, on a eu droit à un pavé compact avec quelques fruits confits et un max de cannelle. L'intitulé était faux mais le gâteau excellent ce qui est le principal.
On s'est tous régalé.

Portrait : Mme Sandrine

Nous l'avons connue il y a presque 1 an envoyée par son psychiatre et son infirmière référente du C.M.P (centre médico-psychologique) pour rompre l'isolement dans lequel elle se trouvait à l'hôtel. Sandrine se décrit comme une schizophrène qui entend des voix quasiment tout le temps. Ses voix lui parlent de tout et de rien, souvent elle reste dans sa chambre car elle se dit qu'a l'extérieur elles sont plus fortes et méchantes. Elle reste prostrée dans son lit, oublie de faire le ménage et de manger. Alors, on a mis en place une aide-ménagère chaque semaine et elle est venue au Club 18. Lorsqu'elle arrive dans la cour, on l'entend hurler à ses voix comme si elle leur disait "c'est bon, je vais au Club foutez-moi la paix". Cela remplace notre interphone. Elle parait apaisée avec nous, joue au baby-foot et vient même à nos sorties d'une journée à la mer.

Baby-foot

Le baby-foot si attendu est enfin arrivé, tout le monde est autour et on joue. Tournoi, parties enragées, gamelles, roulettes... On retrouve l'ambiance des bistrots, ça tombe bien : l'endroit où on l'a posé s'appelle "le cafchapelle". Tout le monde retrouve les gestes de son adolescence surtout le personnel. Les clubbistes sont enthousiastes de nous voir contents et parlent de Flipper. Ces psychotiques, ces schizophrènes, tous oublient un peu leur angoisses et leur soucis pour soutenir Riton, Gérald, Sylvie, et Cathy. Pour le moment les membres du personnel sont plus forts mais vu l'entrainement intensif des clubbistes cela ne va pas durer.

jeudi 3 février 2011

Portrait: Lily

Lily est de toutes les confessions (musulmane, juive, bouddhiste...) Elle sait lire dans les cartes. Elle a été
détective privé, d'ailleurs elle ne manque pas de rappeler à toutes les forces de l'ordre qu'elle croise qu'elle
« fait partie de la maison » ! Elle a aussi exercé en tant que chiropracteur.
Quand Lily a les yeux humides de tristesse, un sourire suffit à les sécher …
Lily offre le peu de bien qu'elle possède, elle souhaite une longue vie à toutes les personnes qu'elle rencontre.
Oui Lily est malade, peut être qu'un jour vous la verrez sautiller vers vous, mais toujours pour vous souhaiter
tout le bonheur du monde.

Portrait : Mr Riton

Mr Riton se plaît dans sa chambre d'hôtel, son passe-temps : déambuler dans les rues de Paris ( 4 à 5 km par
jour...non, non, non il ne s'entraîne pas pour le marathon!! )
Seul hic, les chiens lui parlent et s'adressent à lui. Il sait que ça peut paraître surprenant voire intriguant mais
c'est un fait et pas de sa faute, toute la gente canine qu'il croise lui parle...
Un jour, Mr Riton arrive clopin-clopant...après négociation il enlève sa chaussette et nous découvrons un
majestueux durillon!!! Récolte de ses kilomètres parcourus...
Rien n'arrête notre Riton nationale même les douleurs intenses qu'entraînent ces maux!
Tous les chiens du 18ème aboient et saluent le courage de Riton!
Bien sur nous avons pris rendez-vous chez le pédicure l'argent a été avancé et le pied réparé!

Franck déclare un jour lors d'un pique nique au parc monceau : « les paranos faut les mettre à la mer, les
schizophrènes à la montagne et les mélancoliques au parc monceau ».

Un repas au Club 18 (1)

Aujourd'hui c'est raclette! Erwan et Bader reviennent des courses....surprise 15kg de pommes de terre et un
seul paquet de fromage!

Pas de panique, on court au supermarché et on rectifie. En effet, les notions de quantités ne sont pas le fort
de Bader d'autant plus que sa préoccupation du moment est l'augmentation de 20 euros du loyer de sa
chambre d'hôtel. Une question tourne en boucle dans son esprit « Ne va t'il pas se retrouver dans l'obligation
de déménager??? » Question à laquelle nous répondons négativement une bonne dizaine de fois par
semaine...

12H30/14H: On cuisine, on mange, on se raconte des blagues. Pierre râle, il ne supporte pas les postillons de
son voisin. Marie Joël est aux anges elle clame haut et fort que c'est le plus beau repas de sa vie. Pour finir,
on achève les estomacs avec un fondant au chocolat, même ceux qui n’en ont plus trouvent un peu de place
pour se servir une deuxième fois.

La journée continue, ainsi rythmée par les temps de repas, jeux, prise de traitement, rendez-vous chez le
médecin pour certains à la trésorerie pour d'autres. Le quotidien chez nous est fait de moments où l'on
avance, où les voix se font un peu moins violentes et ceux où l'on se confronte à la souffrance, moment où
notre impuissance nous désarme. On enfouit le sentiment que rien n'est possible et on continue à partager
des instants de vie.